La licorne
The Unicorn

Cela fait maintenant dix ans que je vis avec les licornes. Cela fait cinq ans que, devenu grâce à ma thèse le spécialiste mondial de l'animal, je maintiens ce site web, m'efforçant d'y ajouter régulièrement de nouveaux liens, de nouvelles images. Dix ans, cinq ans, et on se lasse de tout, même du plus vain.
Des articles sont publiés, des livres paraissent - comme le très bel ouvrage de Lise Gotfredsen - et je sens de moins en moins l'envie de tout lire, de tout savoir, de tout analyser. Je ne fais plus que feuilleter, butiner…
J'ai donc décidé de ne plus mettre ce site à jour et de n'y conserver que le texte de ma thèse, à la disposition de tous ceux qui souhaitent aller plus loin.

C'est au début des années 90 que j'ai débuté, quelque part entre l'érudition et le structuralisme, mes recherches sur la blanche bête.

J'ai vite découvert que le petit monde des chasseurs de licornes n'était pas celui que j'imaginai. J'ai ainsi passé deux ans dans une certaine bonne société parisienne à jouer au pendule de Foucault, entre congrès d'alchimistes, monastères tibétains et conventicules Rose+Croix. Je fus d'abord curieux, puis fasciné, puis effaré. Dans ce voyage en pensée étrangère je ne rencontrais ni les escrocs, ni les doux allumés que j'attendais mais des individus dangereux et bien organisés dont le système, comme toute pensée totalitaire, est un vrai danger pour la démocratie. Ne tenant pas à me réveiller sous le soleil trompeur du matin des magiciens, j'ai quelque peu infléchi la problématique de mon travail pour en faire, aussi, une machine de guerre contre leur méthode. À le relire aujourd'hui, je me surprend pourtant parfois à penser comme ceux que je voulais combattre.

Rentré au bercail universitaire, j'ai consacré trois années plus calmes à finir ce travail. Aujourd'hui encore, je regrette l'ambiance à la fois compassée et conviviale de la salle Richelieu de l'ancienne bibliothèque nationale. La nouvelle bibliothèque n'est pas seulement froide et laide, elle est si grande et les salles si petites que l'on ne peut pas y faire de rencontres de hasard, ni avec les livres, ni avec les gens. J'ai eu beaucoup de chance de pouvoir mener mes recherches avant le déménagement. Merci encore à tous ceux qui m'ont aidé, et notamment à mon très compréhensif directeur de thèse, Lucien Bély, et à Claudine Cohen, dont le charme égale l'érudition.

Une fois ma thèse soutenue, j'ai vite compris que je n'étais pas fait pour le tout petit monde de l'université, si bien décrit par David Lodge. Heureusement vint alors l'explosion du web, qui m'a permis malgré tout de faire connaître mes recherches. Aujourd'hui, ma thèse reçoit plus d'une centaine de visites par jour. C'est désormais aux visiteurs de prendre le relais, de pousser plus loin les recherches et la réflexion. Je leur demande juste de me tenir au courant de leurs découvertes et de leurs analyses.

Bruno Faidutti, 17 septembre 2000.

I've been living with unicorns for ten years now. And thanks to my thesis, which seems to have made me the world specialist on this animal, for five years I've been maintaining this website, which has meant regularly having to add new links and new images. Ten years, five years -- there comes a time when you're ready to let go of everything, even what's most frivolous.
Articles are published, books come out -- such as the extremely fine work of Lise Gotfredsen -- and I've felt less and less inclination to read everything, know everything, analyze everything. All I've been doing lately is skimming.
So I have decided to stop updating this site, and to keep only
the text of my thesis - in french only, unfortunately - making it available to those who wish to go further.

It was at the beginning of the 90s that I started my research, somewhere between scholarship and structuralism, on the white beast.

I soon found out that the small world of unicorn hunters was nothing like what I had imagined. I spent two years in certain circles of Parisian society, playing the game of Foucault's pendulum in an atmosphere of alchemical conferences, Tibetan monasteries and secret Rosicrucian gatherings. I was first curious, then fascinated, then frightened. During this long and deep journey into foreign realms of thought, I met neither the frauds nor the harmless fools I was expecting, but dangerous and organised people whose system, like every totalitarian mindset, is a real danger to democracy. Since I don't want to awake under the deceitful sun of the morning of the magicians, I modified my approach somewhat so that it could also serve as a weapon against their methods. Yet as I reread my thesis today, I am nevertheless surprised by occasional thoughts that echo the very people I wished to oppose.

Safely back in the fold of the university, I devoted three calmer years to completing this project. Even today I miss the Richelieu room of the old national library, with its formal yet convivial atmosphere. The new library is not merely cold and unattractive, it's so large, and its rooms are so small, that it's not conducive to pleasant chance encounters, neither with books nor with people. I was lucky to make my research just before the library moved. I would like to thank once again everyone who helped me, especially my very open-minded thesis director Lucien Bély, and Claudine Cohen, whose charm is equaled only by her scholarship.

As soon as I had defended my thesis, I immediately saw that I was not cut out for the "small world" of the university, as David Lodge has so well put it. Fortunately, the web explosion came along just at that time, allowing me to publicize my research anyway. My thesis currently receives over 100 hits a day. From now on it will be up to these visitors to take up the baton for the next stage in the race, to keep pushing ahead both in research and reflection. All I ask is that you keep me up to date with discoveries and ideas.

Bruno Faidutti, september 17th, 2000

Images et Connaissance de la licorne
( Fin du Moyen-Âge - XIXème siècle )

Tome 1
Tome 2